Nicky, face de lune !

Livre - bisAu début, il nous fallait toujours un prétexte pour passer quelques instants ensemble. Ou plutôt la fin de l’après-midi car nous ne nous quittions rarement avant dix-huit heures, lorsque nos mères rentraient de leur travail. Deux jours par semaine, le lundi et le jeudi, nous ne finissions pas les cours à la même heure. Nous n’osions pas nous attendre, alors chacun rentrait chez soi. Jusqu’au jour où Kévin, qui finissait plus tôt et qui aimait bien bousculer nos habitudes, vint m’attendre à la maison. Je le retrouvai assis sur une chaise du jardin où il lisait tranquillement. Qu’il était beau ! Comme j’aurais aimé prendre cette photo… Encore une image que je n’oublierai jamais. J’étais surpris et heureux qu’il ait pensé à moi. En le voyant sur cette chaise, je compris qu’avec lui, j’irais toujours de surprise en surprise. Alors, il invoqua une raison.

-          Je n’avais pas trop envie de rentrer chez moi tout seul !

-          Génial ! T’as bien fait !

-          Avant, j’étais toujours seul et ça ne me gênait pas. Mais depuis que je te connais, j’en ai plus trop envie…

Il fit une petite grimace en prononçant la fin de la phrase, comme s’il souffrait… Je ne savais pas quoi répondre. J’étais trop content qu’il soit là, à me dire de telles choses. Comment lui dire que j’éprouvais moi aussi ce grand vide ? Je le regardais, ravi et souriant.

-            Qu’est-ce qui te fait rire ?

-            Toi ! Tu troubles mes habitudes. C’est nouveau pour moi. J’adore ça ! Tu viens ?

Bien que j’en meure d’envie, je n’osai pas le prendre par le cou. Alors je le pris par le bras et l’entraînai chez moi, en répétant :

-            C’est génial ! T’as très bien fait !

Nicky nous attendait. Quand Kévin le vit :

-          J’ai cherché « dogue » dans le dictionnaire. La définition c’est : « chien de garde à face plate ! »

Tout ce qu’il disait me bouleversait. Il venait m’attendre chez moi et quand il était chez lui, il pensait à moi et à mon chien ! Ce dont je rêvais venait de se réaliser : j’étais entré dans sa vie. J’avais fait ma place dans son esprit et dans sa mémoire…

-          Je vais t’appeler : « Nicky, face de lune ! », ai-je dit à mon chien en prenant l’accent chinois.

 

 

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