Livre - bis

Salon du livre de Genève (Suite).

 

Raymonde Morizot nous disait qu’elle trouvait les japonais un peu trop disciplinés. Je ne suis jamais allé au Japon, mais pour ma première visite en Suisse je vous ai aussi trouvés, pas trop, mais très discipliné. Pas de mégot ou papiers par terre… Sur les 200 flyers que nous avons distribués, aucun n’a été jeté, ni par terre, ni dans les poubelles. C’est cool ! Au restaurant, José s’étonnait du calme : beaucoup moins de bruit que chez les gaulois !

Le soir en repartant, nous nous sommes arrêtés à une trentaine de mètres de l’entré d’un parking, le temps de programmer le GPS. Le jeune homme qui surveillait ce parking est sorti de sa guérite pour nous proposer son aide. D’une voix calme et très séduisante (à tomber par terre) il nous a indiqué comment reprendre l’autoroute. Pendant que je l'écoutais, je me disais que son homologue, en France, serait probablement resté dans sa guérite en nous regardant de travers, ou en nous menaçant de loin d’appeler la fourrière ! 

Un monsieur s’est arrêté, a pris le livre « Si tu avais été… » a lu titre, puis m’a posé la troisième question qui tue :

- Et vous êtes allé où ?

Hein ? Quoi ? Là encore, j’ai mis un moment avant de comprendre ce qu’il voulait dire. Ne pas confondre « Si tu étais allé… », avec « Si tu avais été… » ! Mais peu importe la forme, l’important n’est-il pas d’entamer une conversation ?

Une femme d’une soixantaine d’années s’est arrêtée, elle a lu tous les flyers, tous les 4ème de couverture, puis nous a demandé des détails sur chaque livre. Elle semblait hésitante, comme si elle avait beaucoup de choses à dire, sans savoir par où commencer. En avons-nous trop dit à propos de « Si tu avais été… » ? Elle l’a finalement reposé en nous expliquant :

- Je n’ai pas envie de pleurer sur ce sujet-là.

C’était dit sans agressivité ni mépris. Avait-elle déjà souffert pour les mêmes raisons ? Ou un de ses proches ? Comment le savoir ?

Avant de partir, elle nous a avoué :

- Il y a dix ans, je l’aurais peut-être acheté…

Et elle nous a plantés là. Nous nous sommes regardés en nous posant toutes les questions possibles… Que voulait-elle dire ? Nous ne le sauront jamais. Qu’y avait-il de différent, dix ans plus tôt ? En écrivant ces quelques lignes, je pensais au Petit Prince de Saint-Ex.

- Pourquoi parles-tu toujours par énigmes ? demandait-il.

- Je les résous toutes, dit le serpent.

Hélas, je crains ne pas avoir la même perspicacité que le serpent. Vous ne nous avez rien acheté madame, mais je ne vous oublierai pas.       

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