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Quelques extraits de ce livre que tu m’as si chaleureusement recommandé Lionel : « En l’absence des hommes » de Philippe Besson. L’auteur relate certains propos de Proust sur l’écriture.

 

« Vous êtes ainsi, n’est-ce pas ? Indifférent. Et, du coup, c’est avec vous, davantage qu’avec aucun autre, que j’ai envie de parler d’écriture. C’est aux questions que vous ne posez pas que j’entends répondre…

Bien sûr, je sais qu’il ne faut pas forcer l’écriture, ne pas se forcer à écrire quand on ne se trouve pas dans des dispositions à le faire. Il faut attendre que cela vienne, que cela soit là. De même, il faudrait ne pas prolonger le moment de l’écriture. Quand on sent que c’est fini, alors c’est fini. Il ne faudrait pas s’entêter. Et, pourtant, je m’entête…

D’abord, il faut être amoureux, ou l’avoir été, il faut ressentir une brûlure amoureuse ou la morsure d’un manque, le vide d’une absence pour commencer à écrire. L’amour et l’écriture sont intimement liés. L’un produit l’autre… »

 

Si tu lis ça Erwan, je te promets que je n’ai ajouté aucune virgule ! 

Je pense que beaucoup se sont déjà reconnus ou se reconnaîtront dans ces propos de Proust. Je ne suis pas en train de me comparer à lui, mais voici ce que j’écrivais dimanche soir en rentrant de ce long voyage. Tous ceux qui aiment écrire éprouvent certainement les mêmes sentiments, les mêmes doutes…

 

« J’hésitais à sortir mon stylo : qu’aurais-je pu écrire ? Finalement, j’en ai rempli deux pages. Pourquoi n’ai-je pas ce doute plus souvent. Plus j’écrivais, et plus je me souvenais de ton allure, de tes mimiques, de ta tristesse…

Sur une journée de voyage, nous croisons toutes sortes de gens, des plus ordinaires aux plus pathétiques, des clones sans intérêts. Et soudain, dans cette foule d’anonymes, une exception surnaturelle ! Pourquoi ?

Je pourrais trouver mille raisons. Et en même temps, je serais incapable de les énoncer clairement… »

 

Marcel avait doublement raison : on ne peut pas forcer l’écriture, mais si on ne s’y force pas, si on ne s’entête pas…, on n’écrit jamais !   

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