Tu n’aimes personne ? –  Si tu avais été…   Chapitre 6 (1)

Livre - bisAu fil des heures passées ensemble, Kévin et moi nous forgions une solide amitié et une grande complicité qui allait durer toute notre vie. Je passais mon temps à me demander pourquoi il était aussi beau. J’épiais chaque petit détail, chaque mot prononcé qui aurait pu me faire penser qu’il éprouvait les mêmes sentiments que moi. Je croyais qu’en devenant son ami, le tumulte se calmerait dans mon corps et dans ma tête mais je m’étais trompé. Car plus je le fréquentais, plus j’apprenais à le connaître, plus j’étais libre de lui parler, de le regarder, et plus je l’aimais. Mes sentiments, au lieu de s’émousser, en étaient chaque jour ravivés. Kévin était aussi une source d’inspiration extraordinaire. Après chaque rencontre, j’écrivais des pages et des pages dans mon journal. Chacun de ses rires, de ses gestes, de ses silences, de ses paroles, me fascinait.

 

Alors, je découvris un autre Kévin que je ne connaissais pas. Ce que j’avais vu de lui au lycée ne correspondait en rien à ce qu’il était en réalité. Je le croyais calme, il était assez speed et n’arrêtait pas de bouger. Je le croyais muet, avec moi il se défoulait. Nous parlions de tout… Non, pas de tout. Pas de nos sentiments. Sujet délicat qu’il n’est jamais facile d’aborder. Surtout quand on est amoureux. Mais l’était-il vraiment ? Comment le lui demander ? J’avais trop peur d’essuyer un refus, qui aurait anéanti tous mes espoirs. Pourtant plein de choses me réconfortaient. Notre photo sur son écran d’ordinateur, qu’il venait d’enlever d’ailleurs, comme pour s’en défendre, pour s’en cacher. Sa façon de me regarder, de me parler, de m’admirer… Car toi aussi, tu m’admirais, n’est-ce pas ? Toutes ces petites attentions que nous avions l’un pour l’autre.

Son air radieux quand il était à mes côtés… Ses crises de rire… Je ne m’étais jamais senti aussi heureux. Nous ne nous quittions plus. Les week-ends, nous passions des soirées à discuter et à rire. Un coup chez l’un, un coup chez l’autre. Avec moi, tu parlais beaucoup. Tu avais confiance. Tu te laissais aller. Que de mots, souvent sans importance, mais je guettais ceux qui en avaient. Ceux qui me feraient rêver. Ceux-là, je ne voulais pas les rater. Soudain, je dressais l’oreille, je te regardais interrogateur. Toi, tu le savais, tu attendais déjà ma réaction, avec ce sourire aux coins des lèvres. Tu faisais l’étonné, comme tu savais si bien le faire : « Ben quoi ! Qu’est-ce que j’ai dit ? » J’étais en extase devant toi. Tout ce que tu disais, tes regards malicieux, tes sourires moqueurs, tes mimiques… tout me fascinait ! Un soir où tu te sentais bien, tu me fis cette confidence :

-          Je ne savais pas qu’on pouvait être aussi heureux ! Avant, je n’étais pas malheureux mais…

-          Avant quoi ?

Tu étais devenu sérieux. Tu étais coincé alors autant dire la vérité :

-          Avant toi.

Je souriais… Fin de la conversation. Tout cela, je l’ai vécu, je l’ai savouré, je l’ai écrit ! C’était un plaisir d’écrire. Je n’en avais jamais eu autant.

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