Livre - bis 

 

Chapitre 05 - C’était vraiment la condition.

 

 Après cette mémorable journée de brocante, le retour à la maison fut terrible. J’étais partagé entre la joie et la peur. La peur de le décevoir, de ne pas lui plaire. Bien que tout semblait dire le contraire. Mais en même temps je planais dans les airs, dans l’espace, sur la lune… Je ne savais plus où j’étais, en tout cas, pas chez moi. Je fis répéter chaque question que ma mère me posa. J’étais ailleurs. J’étais toujours avec Kévin. Comment penser à autre chose ? Intrusion en zone sécurisée, invasion du quartier général, il avait infiltré mes défenses, je n’en avais plus envie. Mais se défendre de quoi, de qui ? Depuis longtemps, il était dans mon esprit mais ce soir-là, c’était pire, tous ces nouveaux détails le concernant accroissaient mon obsession !

La séparation avait été un déchirement. J’avais cru lire la même tristesse dans son regard. Il n’avait plus son beau sourire du matin. Pourquoi cette journée n’avait-elle que vingt-quatre heures ? Kévin suggéra même de passer la soirée ensemble. Trop content que l’idée vienne de lui, j’attendais la réponse, anxieux. Mais nos mères fatiguées, s’y opposèrent fermement. Inutile d’insister, c’était cause perdue. Au moment de se quitter, il me serra la main.

-          On se revoit quand ?

Je compris très bien la question, mais impossible de répondre autrement :

-       Demain matin.

-          Non mais, pour la peinture…

Alors, comme si j’avais oublié :

-          Ah oui ! Mercredi après-midi.

Il se tut puis me fit signe qu’il était d’accord. Il me regardait sans me voir. À quoi pensait-il ? Surtout, ne pas le lui demander. Je le savais déjà. Mercredi après-midi… une éternité à patienter…

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