Livre - bis 

Voici une chronique à propos du livre « Si tu avais été… » signée Chrisrob sur Skyrock.

 

 

Si tu avais été...Alexis Hayden & Angel of Ys

Ma présentation : Je suis tombée par hasard sur ce livre, en farfouillant sur le net, et je suis tombée en amour, de suite happée. D'abord, le prénom de l'un des auteurs, Alexis, évoque ma propre saga, et résonne en moi. Ensuite, le sujet est une belle coïncidence, là encore. Il était donc écrit que je doive lire ce livre.

Bryan, seize ans, débarque de Paris en banlieue lors du divorce de ses parents. Solitaire, perdu dans ses pensées, il se rapproche de Laetitia, tout en sachant qu'il ne pourra jamais l'aimer. Puis arrive un nouveau au lycée, Kévin, un beau garçon calme et mystérieux, avec de grands yeux verts et de longs cheveux bruns. C'est d'abord un jeu de regards, puis le refus d'accepter l'évidence, le rapprochement vain avec la meilleure amie de Laetitia, qui n'apportera rien de plus à Bryan. Au fond de lui, il se consume pour Kévin. Jusqu'au jour où ils pleurent ensemble à l'enterrement d'un camarade. Ils se parlent enfin...Avant de se lier, un jour de brocante.

Mon Avis : Chacun pourra reconnaître ses premiers émois dans cette histoire d'amour. Qui ne s'est pas senti heureux en voyant la personne aimée, chaque jour, mais sans oser lui parler, qui n'a pas ressenti le manque, le désir d'en savoir plus, et l'impression de ne jamais s'en remettre si, un jour, on ne la voyait plus? Bryan, le narrateur, évoque la rencontre, l'amour, le besoin, puis la douleur liée aux disputes, aux obstacles qu'ils se créent eux-mêmes, lui et Kévin, ou que les autres leur créent. Il évoque les erreurs, les errances du cœur et enfin la perte. L'amour passion cependant, se déroule, dans l'ivresse ou l'autodestruction, car parfois, quand c'est trop merveilleux, ça fait mal. On n'y croit pas, on a peur de tout perdre, même quand le bonheur est, semble-t-il, le plus absolu, parce qu'on tient l'autre dans ses bras.

Plus spécifiquement, maintenant, les auteurs montrent avec justesse les mécanismes de défense de Bryan, liés au départ à son refus de son homosexualité, puis son acceptation pour ce qu'il n'a pas choisi. On est comme on est. Il est vain de fuir, l'amour est tout et nous rattrape toujours. C'est la société, qui impose des obstacles, qui dit qu'on ne doit pas aimer une personne de son sexe, même si cette société paraît avoir évolué. La famille, aussi, est une barrière, qui peut céder, cependant, parce qu'on doit aimer son enfant tel qu'il est. C'est ainsi que la mère de Bryan va fonctionner. L'homophobie ne cesse de planer et est bien dénoncée par les auteurs. Il y a le voisin qui surveille tout, et la bande d'idiots qui sera responsable de plusieurs catastrophes, dont une irréversible. Bryan évoque aussi le faire-semblant, la nécessité de se surveiller, de traquer les moments d'égarement, pour ne pas embrasser ou tenir Kévin dans ses bras n'importe où.

L'écriture est lyrique, profonde, en dépit de quelques coquilles. Elle fait la part belle aux tours et détours que prend l'amour, quand il est trop, tout simplement. La première page nous apprend d'emblée ce qu'il est advenu, et rend tout le flash-back vraiment poignant. On ne nous raconte que le quotidien, et pourtant, il est transfiguré. J'ai aimé le beau jeu du narrateur, qui dit-il où tu, et qui s'adresse au lecteur, ou à Kévin, qui est là, toujours, partout, dans ses pensées, son cœur, à jamais. Ce sont les mots d'un adolescent, avec ses répétitions, ses longueurs, et ses envolées spontanées.

Les dialogues sont extrêmement nombreux, c'est une autre des caractéristiques du livre. Ils sont très réalistes, c'est ainsi que parlent les adolescents, et en même temps, les mots sont si beaux qu'ils nous emmènent loin. J'ai aimé les répliques qui esquivent du début, quand ils se rapprochent, puis la déclaration, et ensuite tous ces sublimes mots d'amour, durant deux années.

La fin, sur laquelle on était pourtant prévenu dès le début, est déchirante, parce qu'on en a les détails, et ce qu'il advient...après. Je l'ai adorée et détestée. Les mots sont magnifiques et cruels, si bien trouvés. L'épilogue est la promesse d'une forme d'éternité née dans la souffrance. Je pense qu'il faut lire ce livre pour comprendre que l'amour, on ne le choisit pas, pas plus que le sexe de la personne aimée, et qu'il est d'utilité publique, pour les jeunes qui se cherchent, et pour les autres, ceux qui veulent comprendre.

 

Un grand merci Chris, les mots qui m’ont le plus touché : « On ne nous raconte que le quotidien, et pourtant, il est transfiguré. J'ai aimé le beau jeu du narrateur, qui dit-il où tu, et qui s'adresse au lecteur, ou à Kévin, qui est là, toujours, partout, dans ses pensées, son cœur, à jamais. » Waouh !... Et à propos de la fin : « Je l'ai adorée et détestée. » 


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