Pour finir mon histoire, qui était avant tout sur le cinéma mais je n’ai pas eu le temps hier il y avait trop à dire, la salle était aussi déserte que le quai de gare. Il y a une drôle d’ambiance ici mais j’aime bien. Un seul cinéma, heureusement subventionné par la mairie, deux salles et tout le monde est super cool. Tellement cool que parfois ils nous oublient ! Ils arrivent à oublier qu’ils ont vendu quatre places… mais deux dans chaque salle.

Un soir, nous n’étions pas pressés, nous attendions, cinq minutes… dix minutes… quand soudain le projectionniste passe là par hasard et s’exclame :

-         Ah vous êtes-là ?

-         Ben oui.

-         Elle ne me l’a pas dit, excusez-moi, je vais aux toilettes et j’arrive.

-         Pas de problème, nous ne sommes plus pressés.

Heureusement qu’il est allé aux toilettes ! Perdre deux clients sur dix mètres il faut le faire. Ils sont tellement sympathiques qu’on ne leur en veut pas.

La caissière ne ferme jamais la porte d’accès à sa cabine sur le côté, elle pourrait se faire braquer mais non. Quatre places à 6,50 euros ça ne vaut pas le coût de risquer de la prison pour ça. Vendredi soir en me dirigeant dans la salle je m’arrête à son niveau et lui demande :

-         Vous connaissez mon fils ?

-         Non.

-         Quand il va arriver, vous pourrez lui dire que nous sommes déjà entrés.

Pendant deux secondes elle me regarde par-dessus ses lunettes d’un air : il est con ou il fait exprès ? Le projectionniste à côté est plié de rire, elle finit par en faire autant. C’est cool, j’aime bien. Ne faites pas ça dans les grandes salles, plaisanter avec la caissière : il y a outrage, aujourd’hui c’est 48 heures de garde à vue, avec ou sans cagoule !

Et parfois il y a les grands films, ceux qui donnent aux gens l’envie de sortir de chez-eux, comme hier soir « L’âge de glace ». Là j’ai fait demi-tour, car si nous l’aimons beaucoup notre caissière, il faut reconnaître que parfois elle nous tape un peu sur le système.

Bon les grands films ce n’est pas tous les jours, en 17 ans on en a eut combien ? Trois… quatre… cinq, pas plus. Mais allez passer de 4 places à 300 d’un jour à l’autre… encore que… Le problème n’est pas là. Le vrai problème c’est qu’il ne faut pas lui faire la conversation, car qu’il y ait la queue jusque dans la rue ou pas, elle s’en tape. En un instant tout bascule, elle doit se croire en forfait illimité – vous voyez ce que je veux dire, les filles ? – et on ne peut plus l’arrêter. Il y a donc quelques minutes de concentration quand on approche de la caisse, pendant lesquelles il faut se répéter : « Non je ne lui parlerai pas, je ne lui parlerai pas ! » MDR. Car si vous vous laissez aller à lui faire un compliment sur ses jolies lunettes, elle vous dira tout : l’épaisseur et les caractéristiques des verres, le prix de la monture, l’adresse de sa mutuelle, son numéro de sécu… Et là je ne vous raconte pas la tronche des mecs derrière, des coups à finir sur un bûcher. Le sournois, et c’est tentant, c’est de lui parler sur le côté par la petite porte ouverte car ça marche aussi et personne ne vous voit… mais il ne faut pas le faire !

L’âge de Glace c’est exceptionnel, début juin je me suis retrouvé tout seul dans la grande salle pour voir « Anges ou démons. » Séance privé !  C’est cool mais… Je les soupçonne de l’avoir fait exprès : ils ont coupé les lumières d’un coup et le film a commencé avec une musique assourdissante… le bond que j’ai fait ! Y a quelqu’un ?

Je ne dirais plus de mal de la caissière, je l’adore et elle a de belles lunettes… mais je ne lui dirai pas !                    

 

Retour à l'accueil