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Depuis que tu m’as expliqué comment faire pour me souvenir de mes rêves…, ben…, j’men souviens ! Qu’est ce que je peux rêver comme conneries !

Cette nuit par exemple… Vous me connaissez, je vais un peu en rajouter, juste un peu. Ouah…, si peu ! 

J’allais à un mariage. De qui ? Je ne sais plus, mais j’y allais puisque maintenant c’est autorisé. Ben quoi ? J’ai dit un truc qu’il ne fallait pas ?

Je suis donc parti en voiture pour l’aéroport. J’avais tout : mon sac, mon billet mon portable et mes lorgnons… En chemin mon téléphone sonna. Normal, c’est le principe d’Archirange.  (Bon d’accord c’est un peu nul : « Archirange : mot grec « Archi » pour les intimes et oh « Range » pour le célèbre opérateur !) Que se passe-t-il quand on met un corps dans un liquide (genre baignoire) ou dans une voiture ? Je te le donne Émile : le téléphone sonne ! Je roulais tranquille, j’étais pénard, accoudé à ma portière quand soudain je fus pris d’un tremblement d’au moins trente douze sur l’échelle de Richter… Erreur fatale : j’étais resté en mode vibreur. Mais attention, moi, comme 99,99% des français, je ne réponds jamais au téléphone quand je conduis. C’est IN-TER-DIT… J’ai donc décroché. C’était l’hôtesse d’Air France ! D’habitude quand elle m’appelle, c’est pour m’annoncer que le vol est annulé. Cette fois, pas du tout. Comme elle partait en week-end sur le même vol, elle tenait à me féliciter pour mon mariage !

Ah mais non ! Que nenni ! Pas d’accord ! Ne confondons pas « Mariage pour tous » et « Mariage obligatoire pour tous » ! Si certains se sont beaucoup battus pour avoir le droit de se marier, moi c’est bon… Et d’abord je déteste me battre, surtout avec les cons ! Je ne suis pas le seul, notre Président déteste ça aussi. Mais non, pas se battre, se marier.

Obligé d’expliquer à cette charmante mais oh combien collante hôtesse, que j’avais déjà donné et que je n’étais pas chaud pour récidiver tout de suite.

En plus, et non, je ne rentrerai pas avec elle. Car pour tout vous dire, je n’avais pas vraiment fait dans la simplicité. J’étais allé sur un site « Billet d’avion moins cher », et ce n’était vraiment pas cher, sauf que…, pour l’aller il fallait faire Paris-Lyon et le retour Rennes-Paris ! Coup de bol dis donc : le mariage était à Rennes ! J’ai vite sauté sur l’occase. Restait juste à louer une voiture pour faire Lyon-Rennes. Cool !  (Des rêves comme ça… Merci !)

Je retrouvais l’hôtesse à l’aéroport. Et là, elle me posa direct cette question surprenante, enfin pour moi qui suis très surprenable, je l’ai été forcément ! (Ça ne se dit peut-être pas mais t’inquiète, tout le monde comprendra !) 

- C’est où les départs ? me demanda-t-elle.

- Oh non, pas vous ! Ne me dites pas que vous ne savez pas où se trouve les départs !

- Je ne voyage que pour mon travail, et ces jours-là on me dépose directement au pied de l’avion. Alors les départs…

L’argument tenant la route, je décidais sournoisement (il faut bien le dire) de faire un test.

- C’est facile, dis-je, il suffit de suivre les panneaux.

Et là, devinez quoi ? J’ai honte. Elle m’a cru ! Car il faut vous dire que les mecs qui posent les panneaux indicateurs chez Monsieur ADP, travaillaient avant à la DDE. Vous savez, ceux qui posent les panneaux pendant les déviations. Les deux premiers c’est toujours facile, et ça met en confiance (les traîtres) mais le troisième…, elle le cherche encore !

Comme elle allait demander son chemin à un agent Air France…, je l’ai stoppée net. Je voulais bien rigoler mais pas la pousser au suicide tout de suite.

- Non ! Surtout pas ! Ce sont des CDD.

- Et alors ?

- Vous ne savez pas ce que c’est qu’un CDD ? Ça veut dire « embauché d’hier ». Ils ne peuvent pas savoir où sont les départs. Mais comme les flics, ils ne vous diront jamais qu’ils ne savent pas. Ils ont des consignes : « Toujours positiver. Inventez une réponse plausible ».

- Mais alors, à qui se fier ?

- À votre instinct.

Bon là…, j’avoue que je n’aurais pas dû dire ça. Heureusement que nous étions en avance.

Après quelques errements dans le hall, genre vol de coccinelle qui a du mal à stabiliser après une overdose de pollen ou de pucerons fermentés… Nous sommes enfin arrivés au contrôle de sécurité. Fouille au corps… Tripotage de l’entrejambe…, à la sortie du contrôle notre hôtesse fut très surprise de ne pas y trouver l’avion. Ben tiens ! Et puis quoi encore ?

Pour la salle d’embarquement, je l’ai un peu aidé mais ça n’a pas suffit. Résultat, lorsque nous y sommes arrivés tous les passagers étaient déjà embarqués. Nous nous sommes rués sur le tarmac pour un ultime et inutile palabre. Les portes de l’avion étaient fermées et les moteurs en marche…

- C’est le vol pour Lyon ?

- Oui, mais c’est trop tard. Vous avez vos billets et vos cartes d’embarquement ?

Ben oui, machin, sinon je n’aurais pas pu passer la sécurité. Mais je me suis douté que ce n’était pas le moment de la ramener ! C’est en sortant tous ces documents que je me suis aperçu que j’avais aussi le billet de retour de l’hôtesse ! Je suis comme ça : dès qu’on me montre un billet de retour…, je le mets direct dans ma poche !

« Ne pas oublier de lui rendre », me suis-je dit en le remettant dans ma poche !

- Mais vous n’avez pas déposé la souche jaune au bureau !

À ce moment-là, j’ai cru avoir fait un bon dans le temps et être avec Obélix et Astérix dans la maison qui rend fou.

- Quelle souche ?

- Ben, la souche jaune du billet !

Il y avait effectivement une souche agrafée au billet et devinez quoi ? Elle était jaune ! Incroyable !

- C’est nouveau !

- Ben non, ça fait au moins deux ans.

- Vous étiez déjà ici, il y a deux ans ? Vous n’êtes pas en CDD ?

- Si, mais été renouvelé. Vous avez le temps, le prochain départ est dans deux heures.

J’ai le temps, j’ai le temps… Il y a deux heures aussi je pensais que j’avais le temps !

- Et il est où le bureau des fiches jaunes ?

- Suivez les panneaux, dit-il sans rire !

Là j’ai compris que ce n’était pas un perdreau de l’année.

Pendant que je cherchais le fameux bureau des fiches jaunes, un jeune pilote un peu bronzé (oui je sais : précision absurde) et en arrêt devant un distributeur, me demanda si je voulais bien partager son casse-croûte Jambon-Fromage-Crudité.

- C’est bien la première fois qu’un pilote me propose de partager son casse croûte !

- C’est surtout que je n’ai pas assez d’argent !

C’est la crise pour tout le monde ! Je n’avais pas faim et un bureau à trouver. Lorsque j’y suis enfin arrivé…, il était fermé ! Normal. Et j’avais perdu l’hôtesse. J’ai déposé ma fiche et filé en salle d’embarquement. Plus de passagers ! On fermait les portes de l’avion ! Trop tard.

J’avais gardé le billet de retour de l’hôtesse ainsi que sa valisette que je m’étais galamment proposé de porter. Mais… Et mon sac ! Où était-il ?

Ouf ! Ce n’était pas l’avion pour Lyon, le mien était derrière. L’hôtesse m’y attendait avec plein de sénateurs.

Avant le départ, l’équipage demanda aux passagers qui allaient à Lyon de lever la main, pour être sûr. Vu les récents reproches qu’on leur avait fait, les sénateurs refusèrent à l’unanimité (pour une fois !) de lever la main !

Bref, la zone complète jusqu’au bout ! Je me suis réveillé en nage et encore plus stressé que lors de mon dernier contrôle fiscal.

 

Help ! Comment fait-on pour débrayer le système ? Je ne veux plus me souvenir que je passe mes nuits à voyager avec des hôtesses en mangeant le casse-croûte du pilote et en comptant les mains sénatoriales !  

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